Pratyahara signifie le retrait des sens. La posture Kurmasana symbolise bien ce détachement du monde extérieur pour orienter l’attention vers l’intérieur. La vie citadine nous coupe de notre lien avec la nature et de nous-mêmes. C’est un fourmillement de stimuli externes; l’ouie et la vue sont constamment happées par les lumières artificielles et les panneaux de toutes parts. C’est une énorme dépense d’énergie qui nous décentre, nous éparpille. Cette fatigue occasionne du stress;  comme un cercle vicieux, nous dépendons totalement du monde extérieur et sommes esclaves des sens.

La pratique du yoga demande une discipline, un effort à la fois physique, mental et finalement spirituel pour construire en soi les ressources intérieures nécessaires pour réaliser l’état de bonheur durable. Ce bonheur ne repose pas sur les plaisirs mondains; bien qu’il ne faille pas rejeter les joies qu’ils procurent mais être conscient que comme tout phénomène, ils ont un début et une fin.

Pratyahara est donc un retour sur soi, une chance de construire un axe intérieur, une structure interne solide sur laquelle s’appuyer. C’est reprendre les rênes du char (le mental) et contrôler à nouveau les chevaux (sens). Les répétitions de mantra ou de bija (vibrations sonores) et les visualisations (trajets énergétiques, formes symboliques) ainsi qu’un climat intérieur propice à l’intériorisation favorisent cet état de retournement des sens.